Le prix du mensonge
- Rudy STEPHENSON
- 10 nov.
- 4 min de lecture
Est-il possible de se mettre à la place d’Olivier Faure, le patron du Parti Socialiste (PS) et de Laurent Wauquiez, chef du groupe parlementaire du parti Les Républicains à l’Assemblée Nationale ?
Tout autant qu’il serait de l’être à la place de tous ces parlementaires d’autres bords, mais qui ont fait le même choix de survivre à n’importe quel prix pour ne rien perdre de leur position actuelle ; et encore, plus particulièrement, pour certains d’entre eux, ne surtout pas hypothéquer leur maigre chance de rester au pouvoir le plus longtemps possible.
Se mettre donc à la place de ceux qui font le choix de la trahison, de la manipulation et du mensonge.
La réponse à cette question de départ pourrait sembler facile et évidente, mais, pas tant que cela.
Pourquoi se trahir et trahir les autres ?
Dans le monde politique, il y a des réalités qui peuvent échapper aux citoyens normaux qui s’acquittent quotidiennement de leur devoir et de leur obligation, et qui sont au cœur théoriquement de la démocratie française.
Parmi ces réalités, il y a celle qui doit nous rappeler que nous avons à faire à des élus qui ne sont que des hommes remplis de qualités certes, mais tout aussi, gorgés de défauts parfois mortifères.
Ces hommes, élus de la nation, peuvent être ainsi dans leur pire version : égocentriques, égocentrés, égoïstes, vaniteux, orgueilleux, paresseux, jaloux et envieux, vils et méchants, arides et insensibles. Mais, encore, certains d’entre eux peuvent cumuler à cette liste l’inintelligence, l’obscurantisme et une certaine vacuité intellectuelle inquiétante.
C’est d’abord pour cette raison qu’ils n’ont pas de difficultés particulières à trahir leur propre engagement et encore moins trahir ceux envers qui ils se sont engagés.
Ces élus là, n’ont pas ou plus, au gré de leur ambition personnelle, aucune morale ni aucune probité.
Aussi, le mensonge pour eux n’est qu’un strict moyen de parvenir à leur objectif, rien de plus, rien de moins et quel qu’en soit le prix.
Le prix n’est pas un problème !
Oui, le prix de la trahison de ces chefs de file cités plus haut, comme de ceux qui font le boulot avec eux, n’est pas un problème.
Parce que tout simplement, ce prix n’est pas payé par eux, mais, par les victimes de leur conspiration.
D’autant que ce prix n’est pas non plus fixé par leur soin, mais par d’autres qui ont d’autres leviers de commande.
Dans l’actualité, il est assez facile d’identifier Sebastien Lecornu, premier ministre, comme celui qui fixe le tarif des trahisons aux plus offrants, Et force est de constater que c’est bien le premier ministre le plus habile des 5 derniers qui se sont succéder ces derniers mois.
Il lui aura été assez facile de faire le compte précis de ceux qui n’ont aucun mal à se trahir et trahir les autres, ensuite de leur proposer ce plan machiavélique du faux débat parlementaire et de l’illusion du pouvoir d’un parlement qui techniquement ne peut pas en avoir.
C’est bien ce Premier Ministre qui a le mieux compris comment faire miroiter un pouvoir fictif à une Assemblée Nationale qui sans majorité ne peut faire preuve de son pouvoir sauf à ce qu’elle se mette d’accord pour faire corps.
Sébastien Lecornu a ainsi préparé lui-même la stratégie de sa propre non-censure dès son début de règne.
Premièrement, ne pas laisser au Président de la République de nommer un gouvernement et gagner le temps nécessaire pour proposer tous les accords possibles avec les maillons faibles de cet hémicycle.
Deuxièmement, proposer la carotte sans montrer le bâton aux députés, et la carotte, nous l’avons vu, ce fut la formule magique « le gouvernement proposera, nous débattrons, vous voterez »,
Et, enfin, le coup de grâce est arrivé au fil des jours de ces fameux débats auxquels ne peuvent se soustraire les députés. Ces débats « démocratiques », où le gouvernement propose, les députés débattent, et à la fin voteront qu’ils soient d’accord ou non, mais voteront.
Le piège était pourtant assez gros dès le départ, il s'agissait surtout de ne pas accepter ce qu’un Premier Ministre contesté, tout autant que sa proposition de budget, avait mis sur leur table.
Mais, c’était sans compter sur le juste prix de la trahison proposé à bon escient à ceux qui étaient prêts à le payer.
Aller au bout de la logique pour ne pas mourir
Ainsi va le mensonge, il prend souvent l’ascenseur pendant que la vérité prend l’escalier.
Un escalier qui voit ses marches se réduire tant les réseaux sociaux et la rapidité de circulation de l’information est de plus en plus accrue.
Pour ma part, je réponds à la question de départ en disant clairement que non, je ne voudrais surtout pas être à la place ni de Olivier Faure, ni de Laurent Wauquiez, car leur procès sera d’un dureté assurèrent irréversible pour leur avenir politique. De plus, il est avéré dans le monde politique qu’il est de plus en plus difficile de mentir sans risquer d’être puni à la fin.
Peut être se consoleront-ils d’avoir vécu les meilleurs moments de leur espoir de carrière politicienne en attendant le verdict des urnes qui finira inévitablement par arriver.
À la fin de l’histoire, il leur restera à garder de quoi payer le solde de leur dette.









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