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Photo du rédacteurRudy STEPHENSON

Juste une question de moyen

Dernière mise à jour : 28 avr.

Les chiffres de la délinquance s’affolent depuis 20 ans, plus 766% de violences (coups et blessures) en vingt ans!

Et la question est la même?

Émotive et désormais devenue viscérale : que fait l’Etat?


D’un côté, cette question a du sens car c’est bien à l’Etat de faire en premier lieu car c’est lui qui a la compétence et la responsabilité de gérer la sécurité des biens et des personnes sur tout le territoire national.

D’un autre, l’Etat ne cesse d’expliquer qu’il n’agit pas seul sur ce sujet.

Il y a dans l’organisation institutionnelle et administrative de la France d’autres acteurs associés à cette gestion de la sécurité : les communes avec les maires qui, sont par la loi, Officier de Police Judiciaire (OPJ) et peuvent disposer d’une force de police (Police Municipale).


Sauf que le nerf de cette guerre pour la sécurité est dans l’unique porte feuille de deux ministères celui de La Défense (les armées, la défense du territoire national) ; et celui de l’intérieur (la sécurité intérieure).

En clair, le Préfet a bien en charge d’exercer pour le compte de l’Etat en Guyane les prérogatives de la sécurité, mais, il est exclusivement placé sous les ordres du ministre de l’intérieur et surtout de son budget.

Ce ministère possède le cinquième budget de l’Etat (29,5 milliards d’euros soit 3,3% du budget global), après celui de la Transition écologique.

Alors, qu’y a t’il derrière les perpétuels arguments des manques de moyens pour la sécurité?

D’abord que dans les 27,3 milliards d’euros de budget alloués à tout l’outre-mer il n’y a aucunes lignes spécifiquement dédiés à la sécurité étant entendu que cette compétence est exercée pour tout le territoire national.

Ensuite, notons que la politique de sécurité intérieure des différents gouvernements qui se sont succédé a répondu à la même doctrine : appliquer en Guyane les mêmes méthodes et mêmes stratégies de maintien de l’ordre et de la sécurité que partout en France.

Ainsi, nous approchons des raisons profondes qui peuvent, en partie, expliquer l’échec de ces politiques de sécurité en Guyane, territoire français certes, mais territoire amazonien, entouré de pays faisant face à une violence endémique sud américaine et non pas européenne.

Une Guyane qui appelle obligatoirement une adaptation du droit français en terme de sécurité, de justice mais aussi en terme de système éducatif, social et culturel.


En Guyane, nos influences sont certes françaises mais aujourd’hui seulement pour les plus aisés d’entre nous. Pour le reste ces influences sont sud américaines voire américaines.

Il faut aussi donner sa juste place aux influences internationales portées par les réseaux sociaux et les modèles, surtout occidentaux, délivrés par le cinéma, les médias etc.


Face à ce constat, la question demeure : que fait donc l’Etat?


L’Etat fait selon les moyens qu’il décide de mettre en œuvre pour traiter une situation.

Alors, nos élus se mobilisent dans ce contexte où ils n’ont que peu de marges de manœuvre. Un de nos parlementaires propose de faire venir le ministre de l’intérieur, deux autres eux proposent de s’adresser au Président de la république.

Au final s’adresser à l’un ou à l’autre revient de toute façon à s’adresser à l’Etat.


Il convient de s’adresser aux interlocuteurs qui gèrent la bourse. Mais, d’exiger que l’utilisation de cette manne financière soit soumise aux propositions et aux orientations des acteurs locaux.

Aussi, de saisir les seules possibilités d’obtenir du ministre de l’intérieur des moyens supplémentaires : faire inscrire dans son budget des sommes exceptionnelles destinées au territoire de la Guyane seul.

Enfin, d’oser mettre, dans les futures discussions avec le gouvernement, le partage de la compétence sur la sécurité dans le cadre de l’évolution des institutions et du statut de la Guyane.


Ainsi, à notre fameuse question de savoir ce que fait l’Etat nous répondrons par nous nous mêmes et en fonction de nos intérêts guyanais désormais.


Alors, oui, ne nous demandons plus ce que fait l’Etat pour nous, mais ce que nous nous faisons pour la Guyane, son développement et son bien-être.





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